Courrier d'Ulrich

Expéditeur : Ulrich
Date d'envoi : 2010-03-01 21:22:57

En Provence, le premier jour de Mars 1457
Ma chère tante,

vous portez vous bien? Et vostre fille?
et la Normandie?
La Provence quand à elle semble se bien porter, sauf ses marchés, ou des gens, probablement spinozistes, ont installé une pénurie sur les marchés et font grimper les prix. Ha, je me suis fait provoquer en duel par un ami de maman aussi, parce que j'ai dit qu'il avait une tête parfaite à part le sourire niais qu'il arborait. En fait, il me ressemble beaucoup, sauf ce sourire, d'où ma boutade, qu'il a mal prise. C'est un ami de mère d'ailleurs.
En parlant d'elle, elle semble se désintéresser de moi... Et c'est un euphémisme, je crois... Est-ce l'adolescence? Son nouvel amant? Je l'ignore... Toujours est-il que je me sens seul en Provence, et que je suis impatient de revoir nostre Normandie, même si je pense faire un crochet en Gascogne, voir grand-père...
D'ailleurs, à ce sujet, avez vous une idée de présent que je puisse lui faire? C'est que je le connais assez peu, voyez-vous... Et pour Grand-mère?

Mais je tourne autour du pot, ma tante, et je vais finir par m'égarer si je n'en viens pas au fait...
Comme vous le savez sûrement, papa n'est plus... Je ne parviens d'ailleurs pas à prendre conscience de son départ, je ne suis pas aussi triste que je pensais l'être en de pareilles circonstances. Dès que j'y pense, je refoule au fond de mon âme... Est-ce normal à vostre avis?
Mais je m'égare de nouveau... Je prends la plume pour vous aviser que vostre neveu a une batarde. Non point que je sois femme; mais une de ses maîtresses a enfanté avant de mourir.

J'espère que cette nouvelle n'assombrira pas vostre journée, ni ne fera plisser votre front si sage... En attendant mon retour, portez-vous bien!

Vostre petit neveu qui vous aime tant;

Ulrich Milambert Louis

Mon petit neveu,

recevoir une lettre de votre main me rassure dans le sens où elle me permet de vous savoir en vie.
La Normandie est calme contrairement aux terres sur lesquelles vous voyagez sans certitude ni sécurité. Ma fille est à mes côtés et ne me quittera plus de sitôt après la frayeur qu'elle m'a causé.

Je vous en prie d'être très prudent. Les malheurs que connaissent la famille actuellement doivent se finir alors ne faites rien qui puissent vous faire perdre ce que nous avons de plus cher : la vie ! Enfin, je dis cela un peu tard vu que vous m'informez d'un duel, est-il déjà passé ? l'avez vous gagné ? blessé ? sain et sauf ?

En parlant de faire un crocher en Gascogne pour voir Ursin, une réunion de famille est prévu à Comborn le 10 mars bien que ce soit en Limousin, ce n'est plus trop loin au final. J'y serai de toute évidence. Pour ce qui est de faire un cadeau, je manque moi même d'imagination à l'égard d'Ursin et de Marie Antoinette. Souvent la simplicité est une garantie de réussite. Un nouveau chapeau, du vin... etc.

La mort de votre père est affligeante. Je l'ai appris je ne sais plus comment en plus. La seule chose que j'ignore c'est comment il est mort. Pour ce qui est de l'enterrement, une fois que vous aurez la date je viendrai. J'ai fait de mon mieux pour être là quand il avait besoin bien que je doute d'avoir été d'une quelconque efficacité, je le regrette vraiment. Vous ne réalisez pas encore qu'il est mort mais sans parier non plus, je suis convaincue que la peine de sa mort vous affectera tôt ou tard qu'il soit pour vous un digne ou un mauvais père. Les personnes proches restent toujours nos proches après la mort. Si vous avez besoin de réconfort à quelque moment de votre vie, n'hésitez jamais à venir me trouver.

Pour ce qui est de la nouvelle concernant l'existence d'une fille de Muad, eh bien, je reste assez dubitative. Ursin en sera informé. C'est étrange ce qui nous arrive mais j'espère pouvoir apporter un sourire sur vos visages le 10 mars.

votre tante qui espère que vous ne faîtes point trop de bêtises.

Juliette d'Harles de Lasteyrie